UNE CONFESSION ET DES GLAçONS

By matthieu on February 25, 2011 in Points de vue
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Je le confesse, je suis membre de peopleforcinema (et par ma critique vous impose une publicité subliminale). Peopleforcinema est un site internet, s’inspirant d’autres du genre (comme touscoprod dont je suis également membre), où les internautes coproduisent des films. J’ai coproduit, à hauteur de 80 euros, le dernier film de Bertrand Blier : Le Bruit des Glaçons.

Je le confesse, je suis un fan inconditionnel des Valseuses, de Buffet Froid ou encore des Acteurs. S’il existe un géni dans les réalisateurs français, pour moi, c’est Bertrand Blier.
Impossible de me tromper, non seulement le film fera son million d’entrées mais il va relancer le mythe.

Tout commence par un petit bout de papier griffonné. Jean Dujardin le prend des mains de ce vieux Monsieur qui fume la pipe et mange du pâté. En quelques lignes, tout y est. Le sujet tout d’abord, à la fois grave et peu traité au cinéma. Quelques dialogues y figurent, toujours aussi percutants. Et le casting est crée : Albert Dupontel jouera le maléfique cancer, Jean Dujardin lui, le pauvre bougre.
Alors, le mercredi 25 août arriva. J’étais assis là, dans une petite salle de cinéma en province, entrain de me demander si ce couple d’idiots derrière moi allait arrêter de parler pendant la séance divine. Personne ne me gâchera ce grand moment de Cinéma. Et puis les lumières se sont éteintes, le son des popcorns mâchés s’estompant pour laisser place au bruit des glaçons.
Malheureusement, la claque n’eut pas lieu.

Et avec tout le mal que cela me procure, je le confesse, Le Bruit des Glaçons n’est pas un chef d’œuvre et ne figurera pas dans mon panthéon des Blier.
Certes, il y a de bonnes choses. Les dialogues, marque de fabrique de l’auteur, sont bien sentis, vifs et subtils. Je ne m’étonnerai pas d’en voir resurgir quelques uns dans des livres du style ‘les plus drôles répliques du Cinéma’.
De même, le film ne tombe pas dans la grosse blague, pourtant tant attendue des ados pré-pubères fans de Brice de Nice. La bande annonce va en tromper plusieurs, et la campagne de publicité, dont je suis co-financier je le rappelle, est presque mensongère, tant elle fait supposer qu’il s’agit d’une petite comédie française comme on en voit tant.
C’est une bonne chose, on retrouve la poésie de Blier, son don de parler de choses graves avec un air détaché, son talent enfin, pour faire réfléchir sur un sujet délicat avec humour et vérité.
Les compliments s’arrêteront là.
L’image n’est pas exceptionnelle (le steadycam, utilisé à outrance, et la lumière très plate), le son est plutôt mauvais (à moins que ce ne soient les conditions d’écoute de la salle dans laquelle j’étais).
Certains passages manquent cruellement de rythme, les ‘moments creux’ perdant leur force si souvent.
Les Dudu (Dujardin/ Dupontel) ne remplaceront décidemment pas les Dede (Depardieu/ Dewaere). Là où Depardieu apportait son géni, Dujardin n’apporte que son talent (très bon au demeurant).
Au final, je crois que le problème est là. Les dialogues de Dujardin sont clairement écrits pour Depardieu. De son côté, Dupontel peine à trouver le rythme juste. Entre le ‘too much’, qui lui réussit si bien dans ses films, et la douceur d’un personnage de chez Blier, il vacille, s’excite, se relâche, se relance… Là où Dewaere nous touchait par sa fausse mélancolie, Dupontel ne sait pas trop comment aborder son cancer.
Alors avec honte, je le confesse, le Bruit des Glaçons ne sonne pas, comme nous le vend la critique, le retour du grand Blier. C’est un bon film, subtil est correctement interprété, qui me rapportera certainement quelques sous, mais qui ne comblera pas les attentes d’un jeune fan envers son Dieu cinématographique.

La prochaine fois peut-être…

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