HASTA SIEMPRE DONOMA

By matthieu on November 29, 2011 in Points de vue
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Les lumières s’éteignent, au Mk2 Beaubourg et au Saint André des Arts à Paris. Arte nous prévient : « le film que vous allez voir est né sous une bonne étoile ».

En effet, sacrée étoile que Donoma, que l’on espère la moins filante possible.

Qu’est-ce que cet OVNI qui fait l’unanimité dans la presse (convaincre autant Libé que Le Figaro de se mettre d’accord relève de l’exploit, ou du moins d’une performance remarquable) ? Qu’est-ce que ce film guerilla, ainsi présenté au générique, qui ne sort que dans deux salles à Paris et dont le lambda un peu cinéphile n’a pas entendu parler ?

Si c’était un chef d’œuvre, ne défoulerait-il pas les passions ? Ne déchirerait il pas les cœurs ? N’opposerait il pas les plumes ?

C’est un chef d’œuvre, je vous le dis, je l’ai vu.
C’est un chef d’œuvre curieusement unanime.
C’est un chef d’œuvre unanimement humain.

Alors, puisque personne ne le fait, je vais me coller aux défauts, aux fausses notes d’une partition pourtant si harmonique.

La fin, ou ce goût amer qui m’a empêché de crier au génie, de porter la bonne nouvelle, d’évangéliser ce nouveau messie cinématographique.
Quelle était la fin dans les trois précédents montages ? Pourquoi cette fin ? Qu’a-t-il voulu dire ?
C’est d’autant plus dommage qu’il s’agit véritablement d’un minuscule poil dans la soupe. Il a fallu quelques secondes d’un monologue poussif d’un jeune repenti face à Dieu, quelques images en trop d’un acte de violence inexplicable, inexpliqué et finalement inutile.
Djinn Carrenard en aurait perdu la cohérence d’un film pourtant si fluide et harmonieux. Il se rattrape finalement sur un générique de fin d’une beauté sans nom (la preuve, mon vocabulaire ne peut traduire mon émotion).

Alors, il aurait fait un long métrage de 150 euros, sans trop de faux raccords (des lunettes qui disparaissent, sa présence dans un reflet), avec de bons acteurs (je me réserve le terme excellent pour plus loin), et un scénario ingénieux (pour ne pas dire intelligent, je me réserve le terme pour plus bas) ?

Et bien oui.

Le film a été fait avec 150 euros (ou en tout cas aux alentours de), avec la passion et l’ingéniosité d’un réalisateur hors pair et d’une équipe impétueuse et persévérante.

C’est un vrai film guerilla, dans la mesure qu’il remet en cause un système sclérosé d’argent à replacer (le fond de soutien), d’argent pour communiquer (comment les deux Guerres des Boutons se partagent-ils les millions d’entrées ?), de trop d’argent tout court.

C’est un film contre l’argent et pour l’humain.

Ce n’est pas l’internationale que je vous chante mais la simple réaction émotionnelle et un peu réfléchie à chaud d’un spectateur transporté, d’un cinéaste militant et d’un cinéphile ravi.

Je ne reviendrai pas sur l’offre de Besson que Carrenard refuse puisqu’après avoir fait un film à 150 euros, je ne crois pas qu’une proposition dorée ne fasse reculer un artiste convaincu.

Cependant, c’est un vrai choc, qui pourrait remuer, puisqu’il ne le renversera pas, ce système ploutocratique qu’est devenue l’industrie du Cinéma.

Assez parler d’argent, puisque le cœur du film (et de son affiche du coup) est l’humain.

Aujourd’hui, Intouchables fait des millions d’entrées et donne à rêver à des millions de gens qu’ils ont compris quelque chose sur la bonté, la générosité, l’affection, l’homme et ses relations.

Il n’en est rien !
Le Cinéma Vérité, c’est Donoma.
Les relations humaines, c’est Donoma.
La vie, au cinéma, c’est Donoma !

Aujourd’hui, le Cinéma a vécu un moment d’Histoire avec le premier film atteignant ce niveau de sincérité dans les relations humaines.

C’est d’une justesse, d’une intelligence et d’une beauté incroyables.

On sait que les nordiques bénéficient de dizaines de mots pour caractériser le blanc. Il nous faudrait des centaines de mots pour parvenir à dessiner les contours de ce que représente Donoma.

Enfin, puisqu’une place de cinéma (en fait, plusieurs), valent plus qu’un long discours, il faut (il n’y a aucune place pour l’hésitation) aller le voir, le revoir, le re-revoir et, pour tous les abonnés UGC, prendre une place à chaque passage devant Beaubourg.

C’est vital pour eux, c’est indispensable pour vous, c’est nécessaire pour le Cinéma.

A Donoma, que l’on devrait distribuer sous forme de cachets soluble au monde entier.

Et puis, les comédiens sont excellents !

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